La photographie, qu’elle soit artistique ou technique, repose en grande partie sur la maîtrise de la netteté. Mais que faire lorsque la profondeur de champ est trop faible pour rendre nette toute la scène, notamment en photographie macro ou en packshot ? C’est ici qu’intervient le focus stacking, une méthode avancée qui permet de repousser les limites de la mise au point. Dans cet article, je vous propose de découvrir cette technique en profondeur : son principe, ses avantages, son application sur le terrain comme en post-production, et les outils indispensables pour en tirer le meilleur parti. Que vous soyez un amateur curieux ou un professionnel exigeant, vous trouverez ici toutes les clés pour adopter cette méthode exigeante mais extrêmement efficace.
Qu’est-ce que le focus stacking ?
Le focus stacking, ou empilement de mise au point, est une technique photographique qui consiste à prendre une série de photos d’un même sujet avec des mises au point légèrement décalées, puis à les assembler pour ne conserver que les zones nettes de chaque image. L’image finale combine ainsi la netteté maximale sur l’ensemble du champ de vision. Cette technique est particulièrement prisée dans des disciplines telles que la macrophotographie, la photographie de produits (packshot), ou encore la reproduction de détails techniques dans l’industrie ou l’artisanat.
Petite histoire du focus stacking
Le concept du focus stacking trouve ses origines dans les années 1990, notamment dans le domaine de la microscopie numérique, où les scientifiques cherchaient à obtenir des images parfaitement nettes à travers différentes couches de profondeur. L’idée d’empiler les zones nettes de plusieurs images s’est ensuite étendue à la photographie avec l’avènement des boîtiers numériques.
C’est avec la sortie d’Adobe Photoshop CS4 en 2008 que la fonctionnalité de « fusion automatique des calques » est intégrée, rendant cette technique accessible à un plus large public. Depuis, elle est devenue un standard dans la photographie macro et technique. Les algorithmes de traitement se sont perfectionnés, et la puissance accrue des ordinateurs personnels — comme les machines équipées de processeurs M4 ou de RAM étendue — permet aujourd’hui de réaliser des empilements complexes avec une grande fluidité.
Le focus stacking a donc évolué d’un outil scientifique de niche vers un procédé incontournable pour de nombreux photographes professionnels et passionnés de précision.
Pour ceux qui souhaitent une introduction plus synthétique, j’ai déjà rédigé un article introductif à ce sujet sur mon blog, à retrouver ici : Lien vers l’article introductif Focus Stacking
Quand et pourquoi utiliser le focus stacking ?
Le focus stacking devient indispensable dès lors que la profondeur de champ est insuffisante pour capturer la netteté de l’ensemble du sujet. Même avec des ouvertures fermées comme f/11 ou f/16, certains sujets complexes et proches de l’objectif rendent cette netteté impossible à atteindre. Voici quelques cas concrets d’utilisation :
En macrophotographie, la profondeur de champ est réduite à quelques millimètres, voire moins, ce qui rend impossible une netteté uniforme sur l’ensemble du sujet avec une seule prise de vue. Le focus stacking permet alors de dépasser cette limitation optique.
- Photographier des insectes ou végétaux : dans la nature ou en studio, il est courant que seules les antennes ou une patte d’un insecte soient nettes. Grâce au focus stacking, chaque segment de l’anatomie peut être restitué avec une précision impressionnante, ce qui est crucial pour des publications scientifiques ou artistiques.
- Capturer des textures complexes : en macrophotographie de surfaces (mineraux, tissus, aliments), chaque détail compte. Le focus stacking permet de conserver la texture d’un bout à l’autre de l’image, rendant l’expérience visuelle bien plus immersive.
- Créer des visuels artistiques : la netteté sur toute la scène donne une esthétique très particulière, presque irréelle, qui attire l’œil et donne une dimension sculpturale au sujet. C’est une technique prisée dans certains courants photographiques contemporains.
En reproduction technique, le focus stacking est particulièrement utile dans des domaines où la précision visuelle est cruciale :
- Produits high-tech : pour des objets comme des montres connectées, des appareils photo, ou des smartphones, où les surfaces brillantes et les petits éléments (boutons, ports, textures) doivent tous apparaître nets et détaillés.
- Cosmétiques et flacons : pour mettre en valeur les matériaux transparents, les reflets subtils et les inscriptions fines sur les emballages, sans perte de netteté sur aucune partie du produit.
- Produits artisanaux ou alimentaires : qu’il s’agisse de pâtisseries, de couteaux faits main ou de textiles décoratifs, la netteté continue permet de restituer fidèlement les textures et les finitions, essentielles à une mise en valeur authentique du savoir-faire.
En photographie de produits, pour valoriser les textures, formes et détails d’un objet sous tous ses angles. Voici trois cas spécifiques où le focus stacking s’avère particulièrement pertinent :
- Produits high-tech : pour des objets comme des montres connectées, des appareils photo, ou des smartphones, où les surfaces brillantes et les petits éléments (boutons, ports, textures) doivent tous apparaître nets et détaillés.
- Cosmétiques et flacons : pour mettre en valeur les matériaux transparents, les reflets subtils et les inscriptions fines sur les emballages, sans perte de netteté sur aucune partie du produit.
- Produits artisanaux ou alimentaires : qu’il s’agisse de pâtisseries, de couteaux faits main ou de textiles décoratifs, la netteté continue permet de restituer fidèlement les textures et les finitions, essentielles à une mise en valeur authentique du savoir-faire.
Dans ces domaines, le rendu net sur l’ensemble du sujet est non seulement esthétique, mais également fonctionnel pour des usages techniques ou commerciaux exigeants.
Utiliser le focus stacking permet d’obtenir une image parfaitement homogène en termes de netteté, tout en contournant les limites physiques des optiques, notamment la diffraction qui peut apparaître à très petites ouvertures.
Sur le terrain : comment capturer les images nécessaires
La réussite d’un focus stacking commence bien avant la post-production. Il faut préparer soigneusement la prise de vue pour garantir une série exploitable.
Méthode classique avec mise au point manuelle
- Stabilisation : utilisez un trépied robuste, stable, et de préférence équipé d’une rotule fluide pour limiter tout mouvement parasite.
- Mode manuel : réglez l’exposition et la mise au point manuellement. Une ouverture de f/5.6 à f/8 est souvent idéale pour conserver un bon piqué sans générer trop de diffraction.
- Mise au point manuelle : commencez sur la partie du sujet la plus proche de l’objectif.
- Déclenchement progressif : tournez très légèrement la bague de mise au point après chaque photo, vers l’arrière du sujet. Un déclencheur à distance ou un retardateur est conseillé pour ne pas bouger l’appareil.
- Nombre d’images : ce nombre dépend de l’ouverture, de la taille du sujet et de la précision requise. Il peut aller de 5 à 50 images ou plus.
Utilisation d’un rail de mise au point (focus rail)
Pour gagner en précision et en régularité, le rail de mise au point devient un outil essentiel. Le rail fourni dans le pack IRIX macro (objectif macro 150 mm f/8, rail, et platine Arca Suisse) permet un déplacement micrométrique de l’appareil sans toucher à la mise au point optique. Voici la procédure typique :
- L’appareil photo est monté sur le rail, lui-même fixé sur un trépied.
- La mise au point est verrouillée sur une valeur fixe.
- Le rail permet de déplacer l’appareil vers l’avant de manière très précise, par incréments réguliers (souvent 0,5 mm à 2 mm).
Cette méthode est idéale pour les sujets très détaillés, comme les pièces mécaniques, les insectes, ou encore les bijoux. Elle réduit les risques d’erreur de mise au point manuelle et garantit un alignement parfait.
Post-traitement : assembler les images avec Lightroom et Photoshop
Une fois vos prises de vues terminées, la magie du focus stacking se poursuit en post-production. Deux logiciels complémentaires s’avèrent très efficaces : Adobe Lightroom pour la gestion des fichiers RAW et les réglages de base, et Photoshop pour l’assemblage.
1. Importation et préparation dans Lightroom
- Importez la série complète dans votre catalogue.
- Appliquez les réglages globaux sur une image (contraste, exposition, balance des blancs, correction de l’objectif…).
- Synchronisez ces réglages à toute la série.
- Sélectionnez l’ensemble des images > clic droit > Modifier dans > Ouvrir en tant que calques dans Photoshop.
2. Assemblage dans Photoshop
Photoshop ouvre alors les images en tant que calques, l’une sur l’autre.
- Alignement automatique : sélectionnez tous les calques > Édition > Alignement automatique des calques > Auto. Cela compense les éventuels décalages infimes.
- Fusion automatique : Édition > Fusion automatique des calques > cocher Empiler les images + Remplir les zones transparentes. Photoshop va générer un masque pour chaque calque, ne gardant que les zones nettes.
- Affinage : vous pouvez ajuster les masques si nécessaire, ou affiner les détails à la main pour un résultat optimal. Une fois satisfait du résultat de l’empilement, il peut être judicieux d’aplatir l’image (Calque > Aplatir l’image) pour alléger le fichier et éviter les manipulations accidentelles sur les masques. Vous pouvez ensuite enregistrer votre image finale et la réimporter dans Lightroom pour appliquer les derniers ajustements globaux ou l’intégrer dans votre catalogue de production.
3. Alternative sans Lightroom : import direct depuis un dossier
Si vous préférez ne pas utiliser Lightroom :
- Regroupez les fichiers dans un dossier.
- Ouvrez Photoshop : Fichier > Scripts > Chargement des fichiers dans une pile.
- Cochez Tenter d’aligner automatiquement les images source.
- Une fois les calques chargés, suivez la même méthode de fusion automatique.
4. Impact du format d’image sur le traitement
Le choix entre JPEG et RAW a un impact important sur la fluidité et la précision du focus stacking, notamment lors de l’importation et du traitement dans Photoshop.
- JPEG : les fichiers sont plus légers et plus rapides à charger. Ils conviennent pour des tests ou pour des usages simples où la colorimétrie est maîtrisée dès la prise de vue. Cependant, les données étant compressées, les possibilités de retouche fine sont limitées, et des artefacts peuvent gêner la fusion des calques.
- RAW : bien plus volumineux, ces fichiers contiennent davantage d’informations, notamment dans les hautes et basses lumières. Leur traitement est plus long, mais ils garantissent une meilleure qualité finale, notamment pour les corrections d’exposition et les transitions de netteté.
Sur mon poste de travail actuel — un Mac Mini M4 Pro équipé de 64 Go de RAM — le traitement de piles RAW lourdes (plus de 40 images) reste fluide, mais nécessite une organisation rigoureuse pour éviter les ralentissements : fermeture des applications non essentielles, cache purgé, et parfois un prétraitement par lots dans Lightroom pour alléger les fichiers via des copies optimisées ou des formats DNG compressés.
En résumé, le format RAW est recommandé pour un rendu optimal, surtout en photographie de produit ou en macro, à condition de disposer d’une machine suffisamment puissante et d’un flux de travail bien structuré.
Une précision sur Photoshop
Un point souvent négligé mais crucial : le disque de travail de Photoshop. Lors de l’empilement de nombreuses images en haute résolution, Photoshop génère des fichiers temporaires très volumineux. Il est donc essentiel de vérifier que le disque de travail (souvent le disque principal) dispose de suffisamment d’espace libre — idéalement plusieurs dizaines de gigaoctets — pour éviter les messages d’erreur ou les ralentissements. Sur Mac, vous pouvez ajuster les préférences de disque de travail via Photoshop > Préférences > Disques de travail. Prévoyez un espace dédié si possible, notamment si vous travaillez régulièrement avec des piles RAW lourdes.
Aspects techniques et conseils pratiques pour réussir vos empilements
Objectifs recommandés
Les objectifs macro sont les plus adaptés au focus stacking grâce à leur capacité de mise au point rapprochée, leur piqué, et leur faible distorsion. Voici une sélection :
- IRIX 150 mm f/2.8 Macro : mon objectif actuel. Il offre une excellente qualité optique, une ouverture fixe, et un dégagement de travail confortable.
- Nikon 105 mm f/2.8 VR Micro ou Nikkor Z MC 105 mm f/2.8 : excellents en plein format avec stabilisation et très bonne restitution des détails.
- Laowa 100 mm f/2.8 ou 65 mm f/2.8 (version APS-C) : très bon rapport qualité/prix, à mise au point manuelle.
Les objectifs standards (50 mm, 85 mm) peuvent être utilisés pour des sujets plus grands ou moins exigeants en netteté.
Nombre de photos et fréquence de prise
- En macrophotographie extrême : jusqu’à 100 images, avec des décalages de 0,3 à 0,5 mm.
- En packshot classique : entre 10 et 20 images suffisent en général.
- L’espacement dépend du diaphragme choisi, du grossissement et de la tolérance à la perte de netteté dans certaines zones.
Erreurs fréquentes et pièges à éviter
- Flou de bougé : utilisez un déclencheur à distance ou le mode retardateur pour éviter de toucher l’appareil.
- Éclairage instable : préférez la lumière continue ou les flashs stroboscopiques bien synchronisés.
- Réglages variables : tous les paramètres doivent rester constants entre les prises : ISO, ouverture, balance des blancs.
Focus stacking et flux de production professionnel
Cette technique peut s’intégrer facilement dans un flux de production photographique régulier, notamment en studio. L’usage d’un rail motorisé (comme les modèles Novoflex ou StackShot) peut même automatiser les prises pour gagner en régularité et en rapidité.
Couplé à des logiciels spécialisés comme Helicon Focus ou Zerene Stacker, il est possible d’obtenir des résultats encore plus fins, notamment dans les cas de sujets très complexes. Néanmoins, la combinaison Lightroom + Photoshop reste suffisante pour la majorité des usages professionnels ou passionnés.
L’optimisation du temps de traitement repose sur la rigueur lors de la prise de vue. Plus la base est propre, plus l’assemblage est rapide.
Le focus stacking en 2025 : une technique plus accessible que jamais
En 2025, le focus stacking n’est plus réservé à une poignée de photographes spécialisés. Avec la généralisation des capteurs haute définition, des logiciels toujours plus performants et des configurations matérielles accessibles comme les Mac Mini M4 Pro, cette technique entre désormais dans les flux de travail de nombreux photographes professionnels et semi-professionnels.
Les boîtiers hybrides modernes proposent pour certains un mode de bracketing de mise au point intégré, facilitant grandement la prise de vue sans recourir à un rail manuel. D’autres marques proposent même un empilement automatique directement en interne, comme le font déjà certains modèles orientés vers la macrophotographie ou la photographie scientifique.
Sur le plan logiciel, les algorithmes de fusion ont gagné en précision et en vitesse. Adobe Photoshop continue de s’imposer, mais des alternatives comme Helicon Focus et Zerene Stacker se perfectionnent avec des outils de retouche de masque assistée par intelligence artificielle.
Ainsi, en 2025, le focus stacking s’impose comme une compétence incontournable pour qui veut produire des images techniquement irréprochables, et se démarquer dans des univers aussi variés que la photographie culinaire, la haute joaillerie ou la documentation muséale.
Conclusion
Le focus stacking est une technique puissante et enrichissante, qui ouvre de nouvelles perspectives créatives et techniques en photographie. Elle permet d’aller au-delà des limites optiques pour révéler des images d’une netteté et d’un détail spectaculaires.
Grâce à un équipement adapté — comme le kit IRIX comprenant un objectif macro 150 mm f/2.8, un rail de mise au point précis et une platine compatible Arca Suisse —, et avec une bonne maîtrise des logiciels de post-traitement, vous pouvez produire des images dignes des plus grands studios professionnels.
Que vous soyez photographe de nature, artisan, industriel ou simplement passionné de précision, le focus stacking mérite une place dans votre boîte à outils visuelle.
N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez une démonstration personnalisée, un accompagnement technique ou une prestation spécifique. Et si vous avez testé la technique, partagez vos expériences en commentaire ou sur les réseaux sociaux du blog.
À très bientôt pour un prochain article technique !